Desbordes-Valmore | Les séparés
N’écris pas ! Je suis triste, et je voudrais m’éteindre ;
Les beaux étés, sans toi, c’est l’amour sans flambeau.
J’ai refermé mes bras qui ne peuvent t’atteindre ;
Et, frapper à mon cœur, c’est frapper au tombeau.
N’écris pas !
N’écris pas ! n’apprenons qu’à mourir à nous même.
Ne demande qu’à Dieu… qu’à toi si je t’aimais.
Au fond de ton silence écouter que tu m’aimes,
C’est entendre le ciel sans y monter jamais.
N’écris pas !
N’écris pas ! Je te crains ; j’ai peur de ma mémoire ;
Elle a gardé ta voix qui m’appelle souvent.
Ne montre pas l’eau vive à qui ne peut la boire.
Une chère écriture est un portrait vivant.
N’écris pas !
N’écris pas ces deux mots que je n’ose plus lire :
Il semble que ta voix les répand sur mon cœur,
Que je les vois briller à travers ton sourire ;
Il semble qu’un baiser les empreint sur mon cœur.
Commentaires