Ronsard | Mignonne, allons voir si la rose...


Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil.

Las ! voyez comme en peu d’espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las las ses beautez laissé cheoir !
Ô vrayment marastre Nature,
Puis qu’une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir ! 

Donc, si vous me croyez mignonne, 
Tandis que vostre âge fleuronne 
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté. 

Le Premier Livre des Odes: À sa maîtresse. Ode XVII. D’abord publiée en appendice de la deuxième éditions des Amours (mai 1553), puis intégrée, en 1555, à la troisième édition des Quatre Premiers Livres des Odes. 
[Je reprends le texte de Ronsard, Œuvres complètes, I, éd. de Jean Céard, Daniel Ménager et Michel Simonin, Gallimard, Bib. de La Pléiade, 1993, p. 667.]

Commentaires

Adeletosci a dit…
très beau poème , d'habitude je les propose associé au thème du carpe diem, leit-motiv de la littérature, j'ai réalisé un power point pour mieux l'expliquer à mes élèves.

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